Le Mexique déboulonne la statue de Colomb : elle sera remplacée par une indigène Olmèque

Mercredi 15 septembre, le Mexique fêtait en grandes pompes son bicentenaire, mais aussi le demi-millénaire de la conquête espagnole. En effet, il y a 500 ans, les « Conquistadores » arrivaient dans la région, avec les conséquences tragiques retenues par l’histoire.

En début de ce mois, la plus grande ville mexicaine (la capitale), a posé un acte fort pour faire la paix avec son histoire : régler définitivement la question du monument dédié à Christophe Colomb.

La statue qui trônait dans une des artères les plus touristiques de Mexico avait déjà été déboulonnée en octobre 2020. C’était au cours de manifestations de groupes indigènes contre les violences policières. La statue de Christophe Colomb avait alors subi plusieurs dégradations. Mise en sécurité pour être rénovée, elle ne rejoindra finalement pas l’avenue Paseo de la Reforma.

Honorer la résistance des Indigènes du Mexique

Claudia Sheinbaum, maire de Mexico, s’est exprimée à l’occasion de la Journée internationale de la femme autochtone. La grande annonce de l’évènement, l’édification imminente d’une sculpture représentant une femme Olmèque. C’est elle qui remplacera la statue de Colomb. Elle trônait dans la ville depuis 1877.

Pour la maire de Mexico, c’est une histoire de « justice sociale ». Il s’agit aussi de rendre hommage à la résistance des peuples indigènes du Mexique à 500 ans d’oppression.

Lundi 6 septembre, l’Institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique a fait savoir que la statue sera mise en lieu sûr. En effet, pas question de la détruire du fait de sa valeur historique.

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C’est un artiste mexicain qui a été choisi pour conceptualiser et matérialiser la nouvelle statue

Pedro Reyes aura la tâche d’offrir à la ville de Mexico une œuvre à la hauteur de l’acte posé : œuvrer à réconcilier les Mexicains avec leur passé colonial marqué par le génocide des indigènes.

L’artiste explique pourquoi le choix d’une figure féminine.
Il dit avoir été inspiré par le mot indigène (nahuatl) « tlalli », qui veut dire « terre ».

Pour Pedro Reyes, lorsqu’on parle de la « Terre », le mot dans presque toutes les cultures est généralement associé à une énergie féminine. Il ne pouvait donc que faire une statue représentant une femme pour remplacer le controversé Christophe Colomb.

Le nouveau monument sera inauguré le 12 octobre 2021

Le 12 octobre est un jour symbolique, celui du « Día de la Raza » (Le Jour de la Race). Célébré par plusieurs pays lusophones, ce jour fait référence au 12 octobre 1492. C’est celui où Christophe Colomb est supposé avoir découvert l’Amérique. Une version officielle de plus en plus battue en brèche.

Ainsi, le 12 octobre 2021, Mexico marquera une première en matière de devoir de mémoire en célébrant une Indigène et non celui à qui le Día de la Raza était jusque-là réservé.

Au Mexique toujours, le président Andrés Manuel López Obrador est en tête de cette volonté de réconciliation historique. Son gouvernement a ainsi demandé à l’Espagne et au Vatican, de présenter des excuses aux Indigènes pour toutes les atrocités commises contre eux.

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La décision de Mexico : un acte qui interpelle l’Afrique

C’est ce que pensent tous les panélistes ayant assisté à un débat sur le déboulonnement de la statue de Christophe Colomb. C’était sur la chaîne panafricaine DBS mercredi 15 septembre.

« Décolonisation: Le Mexique déboulonne la statue de C. Colomb. Un message pour l’Afrique ? »

Il faut dire que sur l’espace publique du continent, trônent fièrement les statues des plus grands noms du colonialisme. Faidherbe, Leclerc, Savorgnan de Brazza et tant d’autres, ils sont mis en avant au détriment des héros nationaux, ostracisés ou oubliés. Au grand dam de certains Africains qui, de la zone australe (Afrique du Sud) ou au Centre (Cameroun), tentent sporadiquement de déboulonner certaines statues. Pour l’instant sans grand succès.

Andrés Manuel López Obrador peut-il inspirer les dirigeants africains?

Est-on prêt de voir un président africain engagé dans une démarche sincère et non opportuniste pour réclamer des Etats occidentaux et du Vatican, des excuses publiques et réparations financières suite à la traite négrière?

En effet, en signant la bulle papale Romanus Pontifex, Nicolas V en 1455 cautionna l’idée que les Africains n’avaient pas d’âme. Par cet acte, l’Eglise catholique validait moralement leur mise en esclavage pendant plus de 400 ans. Ironie de l’histoire, l’Afrique noire est aujourd’hui un énorme vivier du catholicisme et des églises réveillées.

Pour en revenir au débat sur le déboulonnage de la statue de Colomb, pour les intervenants à l’émission, il est nécessaire de « dépolluer le mental » des Africains. Pour eux, c’est une condition indissociable d’une dépollution de l’environnement consistant à le débarrasser de tous les vestiges de la colonisation. Seuls ceux qui ont une valeur universelle ont leur place dans des musées, pas dans l’espace public africain.

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