La langue maternelle, vecteur d’identité culturelle – Interview de Minsili Zanga par l’écrivain Joseph Mbarga. – 21/09/2020
Mbarga Books : Vous venez de publier un recueil de nouvelles plusieurs années après votre dernier livre. Pourquoi cette longue parenthèse en dehors de l’écriture littéraire ?
Minsili Zanga : La principale raison est que j'étais engagée dans d'autres projets très prenants mais où mon goût de l'écriture pouvait s'exprimer, même si c'était différemment. J'ai ainsi pu explorer tous les méandres de l'écriture journalistique et de la direction éditoriale à travers un magazine féminin et des sites Internet que j'avais mis sur pied. L'autre raison est que le monde de l'édition classique ne me convenait pas tout à fait. Ayant accompli le voeu de presque tout écrivain débutant (se faire éditer), disons que j'étais moins stressée et plus à même d'explorer d'autres voies.
M.B. : Parlez-nous de votre dernier recueil de nouvelles Azania, et dites-nous comment vous décidez d’explorer des thématiques précises ou de choisir les personnages qui vont conduire vos histoires.
« Azania » est un ensemble de 6 histoires, celles de femmes et des hommes (jeunes et moins jeunes) dans un moment critique de leur vie, joyeux ou non. Comment le vivent-ils et surtout, comment s'en sortent-ils ? Pour y répondre, j'ai voulu une certaine continuité dans le recueil déjà parce que toutes les histoires se déroulent en totalité ou en partie à Ongola Ewondo (Yaoundé). Ensuite parce qu'entre ces nouvelles, il existe des liens. Au lecteur de les trouver au fur et à mesure.
Pour le choix des thématiques, il tient plus de l'intuitif, de ce que mon imagination a envie de mettre en avant à un instant T. La nouvelle éponyme est très parlante à ce sujet (Azania) en rassemblant tous les ingrédients du recueil : suspense, loyauté, trahison, confiance, espoir. J'aime cette possibilité que donne l'écriture de disséquer la psyché humaine via des situations de tous les jours. Pour le choix des personnages, si au début j'ai une idée assez claire, elle peut évoluer au cours de l'écriture et des personnages secondaires naître au détour d'une phrase, m'obligeant à les étoffer voire à prendre une autre direction que l'histoire de départ.

