HISTOIRE – « La tuerie de Chasseley », un massacre de soldats africains tombé dans l’oubli
Les faits se déroulèrent en juin 1940 près de Lyon (France).
BON À SAVOIR
L’expression « tirailleurs sénégalais » ne se résume pas au Sénégal. Ce terme à connotation délibérément racialiste et colonialiste fut donné par la France à tous les Africains enrôlés de force pour la majorité afin de combattre lors de la 2e guerre européenne appelée « guerre mondiale ».
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IMPORTANT : Il convient de rappeler que si l’Allemagne nazi faisait preuve d’un racisme congénital envers ces Africains, la France aussi. Déjà, la majorité des tirailleurs furent contraints de s’enrôler car années 40, ils étaient considérés comme des « sujets de l’empire » et non des citoyens. Une époque où les quelques édifices faits par la France et d’autres puissances coloniales résultaient de travaux forcés et autres violences.
Ensuite, si l’Angleterre par exemple a engagé des poursuites contre certains soldats allemands accusés d’exactions, la France ne réclamera jamais justice pour ces soldats africains.
Au contraire, on assistera au blanchiment des troupes coloniales
Celui-ci verra, à l’approche de la libération, des soldats africains déshabillés pour habiller de jeunes recrues blanches afin d’éviter que des Noirs ne défilent parmi « les libérateurs ».
Ce fut notamment le cas pour les tirailleurs sénégalais qui, partis de leurs lointains pays, accostèrent à Toulon pour remonter vers les Vosges, bravant l’hiver sur plusieurs fronts.
Et pour ceux qui sortiront indemnes du conflit européen, leurs maigres primes ne seront pas toujours versées. Ainsi, des centaines de tirailleurs réclamant leur solde seront massacrés à Thiaroye au Sénégal.
Chasselay, un oubli volontaire ?
Aujourd’hui encore, le massacre de Chasselay n’est pas enseigné comme fait historique.
Surtout, ce ne fut pas le seul massacre. D’autres eurent lieu pendant la guerre 39-44 et aussi celle de 14-18. En effet, durant la première guerre européenne, de nombreux Africains, eux aussi enrôlés aussi de force, subiront pire en Allemagne. Les mêmes atrocités auront lieu sur le continent, ou un peuple comme les Batanga au Cameroun, faillit être exterminé dans l’externalisation du conflit, le but en 14-18 étant pour les européens de chasser leur sœur de ses positions africaines (Tanganyika, Cameroun, Togo…)
Cette donnée est importante lorsqu’on étudie l’histoire coloniale de l’Allemagne et qu’on est tenté de l’édulcorer. Elle fut tout aussi cruelle et déshumanisante que celle du reste de l’Europe
Cette donnée permet aussi de comprendre pourquoi par exemple, à l’instar de la France et la Belgique, l’Allemagne fait partie du top 3 des pays européens retenant toujours dans ses musées de milliers d’objets cultuels volés à l’Afrique, et même des corps, 6000 dépouilles dorment ainsi dans les réserves des musées de Berlin, selon le documentaire « Appropriation culturelle / Oeuvres spoliées » de Nora Philippe.
Pourquoi, comment et surtout dans quelles conditions cela fut possible ? Surtout, pourquoi tant d’opacité sur cette histoire coloniale ?
Autant de questions dont les réponses expliquent le rapport actuel de l’Europe au continent africain.
Ce n’est pas l’Afrique qui a besoin de l’Europe, c’est l’Europe qui s’est toujours régénéré sur l’Afrique dans une violence sans nom.
Ce à quoi une partie de celle-ci s’est toujours battue, malgré les assassinats de ces leaders panafricanistes et l’infiltration de ses élites. Aujourd’hui, le conflit Russie-reste de l’Occident ayant pris une tournure critique, cela offre enfin une opportunité historique aux nationalistes africains pour sortir de l’étau prédateur occidental.
De son côté, la Russie sait que la rivalité historique de ses cousines envers elle, et qui n’est pas qu’économique mais aussi spirituelle et culturelle, nécessite qu’elle ne leur permette plus de disposer d’un atout maître, le continent africain.
Voilà aussi pourquoi, bien avant de lancer son opération militaire spéciale en Ukraine, Moscou s’est attelée à asseoir ses positions sur ce continent en redynamisant les relations avec des alliés historiques comme l’Algérie, et en s’arrimant et accompagnant la dynamique des forces patriotes comme en RCA et Mali.
Conclusion : comprendre une situation est indissociable d’une analyse qui transcende la situation de départ. La preuve avec cet article, du massacre de Chasseley à l’initiative malienne.©Dzaleu.com
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* Le blanchiment des troupes coloniales en France
*** La question de la restitution du patrimoine cultuel africain