Algérie : Paris décide de réduire le nombre de visas, Alger rappelle son ambassadeur et interdit le survol de son espace aérien
Commencée avec une réduction des visas décidée unilatéralement par Paris, la crise diplomatique entre l’Algérie et la France est allée crescendo. Dimanche 3 octobre 2021, Alger a interdit le survol de son espace aérien aux avions français, ce qui vise directement la force Barkhane installée au Mali.
Ce nouvel épisode des relations parfois difficiles entre Alger et Paris a commencé mardi 28 septembre. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, annonce alors que le nombre de visas pour la France délivrés aux demandeurs en provenance d’Algérie et du Maroc, allait diminuer de 50% dès 2022. Pour la Tunisie, la réduction sera de 33%.
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Une réduction du nombre de visas aux ressortissants des pays du Maghreb qui passe mal
Paris reproche aux pays du Maghreb les freins à sa politique de reconduites aux frontières. En effet, selon la France, les trois pays concernés trainent, voire refusent de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des personnes expulsées de France.
Selon Gabriel Attal, sur 7 731 ressortissants algériens ayant été sous le coup d’une procédure d’expulsion au premier semestre 2021, 22 seulement ont pu quitter le territoire.
Suite à cette décision de la France, l’Algérie convoque mercredi 29 septembre François Gouyette, l’ambassadeur de France à Alger. Elle entend ainsi protester contre une mesure jugée « unilatérale. » Dans son communiqué, l’Algérie indique :
« Le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a convoqué aujourd’hui, l’ambassadeur de France en Algérie pour lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algérien à destination de la France.
Cette décision qui est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne comporte l’anomalie rédhibitoire d’avoir fait l’objet d’un tapage médiatique générateur de confusion et d’ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d’application. »
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D’une réduction des visas à l’interdiction de survol de l’espace aérien
Trois jours après le communiqué des autorités algériennes, la France monte d’un cran en critiquant le pouvoir algérien.
Ce nouvel épisode naît de propos attribués à M. Macron lors d’une réunion avec une vingtaine de jeunes Français d’origine algérienne. Ils avaient été invités à l’Elysée jeudi 30 septembre. Selon l’article du Monde qui le relate, Emmanuel Macron a insinué que l’histoire officielle de l’Algérie a été réécrite :
« La nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle et qui dit : ‘Tout le problème c’est la France.' »
Pour Emmanuel Macron, cette réécriture de l’histoire vient non pas des Algériens ni des Français d’origine algérienne, mais du « système politico-militaire », une attaque directe envers le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
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Samedi 2 octobre, Mohamed Antar Daoud, l’ambassadeur algérien en France, est rappelé pour consultation
« A la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au président de la République française, l’Algérie exprime son rejet catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent lesdits propos« , peut-on lire dans le communiqué d’Alger.
L’Algérie a aussi interdit le survol de son territoire aérien aux avions militaires de la France.
Or, la force militaire Barkhane installée au Sahel, a besoin de survoler cet espace pour ses missions.
Si Paris estime que cette interdiction ne va pas affecter outre mesure Barkhane, à l’heure où au Mali la population réclame de plus en plus le départ des Français, cette nouvelle est un nouvel accroc pour la présence française au Sahel.©Dzaleu.com – Pacôme K.