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Canada : L’armée s’est servie de la pandémie pour tester des techniques de propagande

Canada : L’armée s’est servie de la pandémie pour tester des techniques de propagande

Les chefs militaires canadiens ont vu la pandémie de Covid-19 comme une occasion unique de tester des techniques de propagande sur les Canadiens, selon un rapport des Forces armées obtenu par The National Post en utilisant la loi sur l’accès à l’information.

Lancé le 8 avril 2020, le plan a été fermé le 2 mai de la même année. Face à la controverse, Daniel Gosselin général de division à la retraite, a été chargé d’enquêter. Le National Post a obtenu une copie du rapport d’enquête Gosselin du 2 décembre 2020, ainsi que d’autres documents connexes.

D’après les documents obtenus par le journal, il en ressort que le plan conçu par le Commandement des opérations interarmées du Canada (en anglais, le Canadian Joint Operations Command – CJOC) reposait sur des techniques de propagande similaires à celles employées en d’Afghanistan. Le rapport indique que le gouvernement fédéral n’a jamais demandé une telle campagne. Le Cabinet n’a pas non plus autorisé l’initiative élaborée pendant la pandémie de COVID-19 par le CJOC, alors dirigé par le lieutenant-général Mike Rouleau.

Mais les commandants militaires pensaient qu’ils n’avaient pas besoin d’obtenir l’approbation des autorités supérieures pour élaborer et mettre en œuvre leur plan

Selon le rapport Gosselin, le plan de propagande du CJOC a été élaboré et mis en place en avril 2020, dans un contexte où les Forces armées canadiennes reconnaissaient elles-mêmes que « les politiques et les doctrines relatives aux opérations d’information et au ciblage sont destinées aux adversaires et ont une application limitée dans un concept national. »

« Le plan conçu par le Commandement des opérations interarmées du Canada, également connu sous le nom de CJOC, reposait sur des techniques de propagande similaires à celles employées pendant la guerre d’Afghanistan. La campagne prévoyait de ‘façonner’ et d’ ‘exploiter’ l’information.' »

Selon le Commandement des opérations interarmées du Canada, un tel plan était nécessaire pour éviter la désobéissance civile des Canadiens pendant la pandémie de coronavirus et pour renforcer les messages du gouvernement.

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Le National Post évoque aussi une autre initiative similaire, quoique indépendante du CJOC

Mais, elle a été supervisée par des officiers de renseignement des Forces canadiennes, et a recueilli des informations sur des comptes publics de médias sociaux en Ontario.

« Des données ont également été compilées sur les rassemblements pacifiques de Black Lives Matter et sur les leaders de ce mouvement. Les officiers supérieurs ont affirmé que ces informations étaient nécessaires pour assurer le succès de l’opération Laser, la mission des Forces canadiennes visant à aider les maisons de soins de longue durée touchées par le COVID-19 et à contribuer à la distribution de vaccins dans certaines communautés du Nord.

Ceci avait poussé les organisateurs de la BLM à demander pourquoi les responsables militaires ont recueilli des informations sur leur initiative. L’organisation soulignait avoir suivi les règles de la pandémie et n’avoir pas organisé de rassemblements à l’extérieur des foyers de soins de longue durée.

Une initiative de propagande révélant un état d’esprit généralisé au sommet du commandement militaire

« Le général Jon Vance, alors chef d’état-major de la défense, a mis fin à l’initiative de propagande du CJOC après qu’un certain nombre de ses conseillers eurent mis en doute la légalité et l’éthique du plan », écrit le journal.

« Vance a alors fait appel à Gosselin pour examiner comment le CJOC avait pu élaborer et lancer l’opération de propagande sans autorisation. L’enquête de Gosselin a révélé que le plan n’était pas simplement l’idée de spécialistes ‘passionnés’ de la propagande militaire, mais que le soutien à l’utilisation de telles opérations d’information était ‘clairement un état d’esprit qui imprégnait la réflexion à de nombreux niveaux du CJOC’. Les membres du commandement considéraient la pandémie comme une ‘occasion unique’ de tester ces techniques sur les Canadiens. »

« C’est vraiment une occasion d’apprendre pour nous tous et une chance de commencer à intégrer les opérations d’information dans notre routine (CAF-DND) », déclarera par exemple le contre-amiral Brian Santarpia, alors chef d’état-major du COCJ.

Selon les conclusions du rapport Gosselin, le commandement militaire a vu la réponse pandémique de l’armée « comme une occasion de surveiller et de recueillir des informations publiques afin d’améliorer la sensibilisation pour une meilleure prise de décision du commandement. »

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Le général à la retraite a aussi souligné que l’état-major du CJOC avait une « attitude dédaigneuse palpable » à l’égard des conseils et des préoccupations soulevés par les autres chefs militaires

Dans son rapport, le général Gosselin recommande un examen complet des politiques et directives des Forces canadiennes en matière d’opérations d’information, en particulier celles qui peuvent avoir un impact sur toute activité pour les missions nationales.

Comme l’écrit le National Post : « L’utilisation des techniques d’opérations d’information fait l’objet d’un débat permanent au sein du quartier général de la Défense nationale à Ottawa. Certains officiers des affaires publiques, spécialistes du renseignement et planificateurs principaux veulent étendre la portée de ces méthodes au Canada pour leur permettre de mieux contrôler et façonner l’information gouvernementale que le public reçoit. D’autres, au sein du quartier général, craignent que ces opérations n’entraînent des abus, notamment que le personnel militaire n’induise intentionnellement en erreur le public canadien ou ne prenne des mesures pour cibler les députés de l’opposition ou ceux qui critiquent la politique gouvernementale ou militaire. »
*National Post : Article complet (en anglais)