Idris Déby Itno célébré à Yaoundé : Paul Biya salue son engagement panafricain « exceptionnel »
Paul Biya a rendu un vibrant hommage au feu président tchadien assassiné le 20 avril 2021. Pour les panafricains, il fallait y voir la main de la Francafrique car Idriss Déby manifestait de plus en plus sa volonté de s’affranchir du rôle de gendarme de la porte du Sahel qu’il jouait au profit de la France.
Avant son assassinat, Idris Deby évoquait déjà sa disparition, affirmant ouvertement son refus de participer au chaos à venir. Pour les panafricains, il s’agissait selon eux d’une allusion aux pressions présumées qu’auraient subi le feu président tchadien, pour participer à la déstabilisation de la RCA. Ce pays, en proie à des violences incessantes depuis son indépendance années 60, connaît depuis moins d’un an un retour à la stabilité. Un des causes principales, l’arrivée au pouvoir du patriote Archange Touadera. Résolu à sortir son pays de décennies de déstabilisation, il s’est rapproché de Moscou.
Les résultats ne se sont pas fait attendre : soutien stratégique et militaire des Forces armées centrafricaines toujours sous embargo internationale. En clair, les Farc ne pouvaient pas se procurer d’armes pour lutter contre des rebelles qui chaque jour gagnaient du terrain. Et ce malgré la présence de l’armée française, et malgré la présence de la Monusca (force onusienne).
Un discours prémonitoire
Pour en revenir à Idris Deby Itno, dans un discours adressé aux Tchadiens quelque temps avant sa mort, le maréchal s’adressait au peuple, mais aussi à ceux qui « aujourd’hui veulent ramener le Tchad en arrière » :
« Aujourd’hui tous nos pays connaissent des problèmes de sécurité. Ça vient d’où? C’est tombé du ciel? Financés par qui? Armés par qui? Donc toutes les stratégies sont montées pour que le continent n’avance pas. Toutes les stratégies sont montées pour que l’Afrique reste ce qu’elle est aujourd’hui. Et on continue à assassiner les hommes politiques. On continue à assassiner comme on a assassiné François Tombalbaye* qui avait refusé (de donner) le pétrole à la France et qui a donné aux Américains (…) Et il avait dit le jour il signait la convention avec Epson Mobile en 1972 : « Je suis en train de signer mon arrêt de mort. »
La mémoire d’Idris Deby saluée par ses pairs de la Cemac
Dès l’entame de sn discours du 18 août à la Conférence des chefs d’Etat qu’il présidait, c’est à Idris Deby que Paul Biya va consacrer ses mots :
« La rencontre de ce jour est la première du genre depuis le décès tragique du Président tchadien, notre frère, feu le Maréchal IDRISS DEBY ITNO. Je voudrais, une fois encore, lui rendre hommage. Par son engagement panafricain exceptionnel, sa défense remarquable des causes de notre Communauté et son rôle décisif en faveur de l’intégration sous-régionale, il nous aura tous profondément marqué. »
En langage diplomatique, cette attention du président en exercice de la Cemac vaut son pesant d’or. Pour l’anecdote, sans rien attendre de l’extérieur, Tchad et Cameroun notamment ont unis leurs forces pour lutter contre Boko Haram, pendant régional d’al qaida, et ce depuis déjà plusieurs années. Lors des obsèques du Maréchal Deby, aucun président de la Cemac ne s’était rendu à Ndjamena ou Macron avait fait le déplacement. Une absence vue par l’opinion africaine comme un cinglant désaveu de Paris. Aujourd’hui, le fils Déby qui assure la transition, se serait rapproché de la Russie
Fait marquant suite à l’assassinat d’Idris Deby. Pour ses obsèques publiques, aucun président de la Cemac ne s’était rendu à Ndjamena où Emmanuel Macron avait fait le déplacement. Une absence vue par l’opinion africaine comme un cinglant désaveu de Paris.
Né en 1918, grand panafricain, N’Garta « François » Tombalbaye fut président du Tchad de 1962 à 1975. En effet, trois ans après son discours à Doba, il fut assassiné le 13 avril 1975.©Dzaleu.com