Non classé

Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEMAC (Analyse)

Siège de la BEAC à Ongola Ewondo (Yaoundé)

Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEMAC (Analyse)

Il a eu lieu ce mercredi 18 août 2021 dans la capitale camerounaise. Les six présidents de la Cemac ont discuté de la situation de la sous-région sous la houlette du doyen Paul Biya. En effet, le président camerounais est aussi président en exercice de la conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC.

Les travaux se sont tenus en visioconférence. Le thème de cette session : « Evaluation de la situation macroéconomique de la zone CEMAC en contexte de pandémie du COVID-19 et analyse des mesures de redressement ».

La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEMAC) comprend le Cameroun, le Congo Brazzaville, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RCA et le Tchad.

Retrouvez-nous sur Telegram @dzaleumedia 

Les États africains toujours sous contrôle économique

Cela semble particulièrement vrai pour l’Afrique francophone. Preuve s’il en est, la présence à la vidéo conférence de ce mercredi à Yaoundé, de Kristalina Gueorguieva, directrice du Fonds Monétaire International (FMI). Présence aussi de David Malpass (Banque mondiale) et d’un représentant Gouvernement français.

Il convient de rappeler ici qu’outre l’Afrique centrale, huit autres pays d’Afrique de l’Ouest sont encore les derniers au monde à utiliser une monnaie coloniale (le franc CFA), qui est géré par le Trésor français. A noter que cette monnaie aujourd’hui décriée par les patriotes africains, présente plus d’une singularité outre le fait d’être placée sous le contrôle d’un compte d’opérations spéciales géré par Paris. Le CFA de la CEMAC est imprimé en France et ne peut être utilisé dans la CEDEAO (Afrique de l’Ouest) et vis-versa. De même, cette monnaie ne peut être utilisée hors d’Afrique.

je-m-abonne-a-dzaleu-button

L’opinion africaine a mal au CFA

Le sommet extraordinaire des présidents de la CEMAC arrive dans un contexte de grogne populaire contre CFA. De même, plusieurs incidents survenus avant ou concomitamment au sommet, n’ont pas manqué d’interroger les panafricains.

Parmi eux, les vives tensions entre Malabo, la Grande-Bretagne et Paris au sujet d’un immeuble détenu par le vice-président de Guinée Équatoriale (Teodorin Obiang). Londres et Paris l’ont condamné et sanctionné pour « biens mal acquis ». Un terme qui passe de moins en moins auprès d’une partie de l’opinion africaine. En effet, pour elle, il s’agit là d’ingérence sous couverture pour faire plier les dirigeants récalcitrants. A ce sujet, le président Obiang Nguema a souvent été présenté comme un des plus fervents partisans de la sortie du CFA. Cette opinion s’interroge aussi le silence de Paris lorsque ces biens sont achetés et sur ce qu’elle considère comme un deux poids deux mesures car jamais, des investissements immobiliers en provenance de dirigeants d’autres régions ne sont qualifiés de « biens mal acquis ». Enfin, cette opinion estime que les pays africains disposent d’une justice capable de se prononcer sur des faits qui concernent ses citoyens, fussent-ils dirigeants.

Certains vont plus loin, voyant dans ces procédures judiciaires des manœuvres d’intimidation avec comme noeud gordien, la question du franc CFA et son rejet de plus en plus marqué par les nouvelles générations. Pour ces panafricains, c’est sans doute aussi dans ce sens qu’il faut comprendre la convocation devant la justice d’une personnalité emblématique de la CEMAC : Cyrus Ngo’o.

Directeur du plus grand port de l’Afrique centrale (Douala), ses excellents resultats en quatre ans, tranchent avec ceux du groupe Bolloré. Ancien gestionnaire depuis 15 ans du port autonome de Douala (PAD), il en a été évincé après une longue bataille juridique. A titre de comparaison, en 15 ans de gestion, le groupe Bolloré n’a rapporté que 4 milliards de FCFA (6.2 millions d’euros) au Cameroun. En 2 ans, Cyrus Ngo’o et son équipe tout en lançant la modernisation du port, ont rapporté 15 milliards de FCFA (un peu plus de 22 millions d’euros). Sa convocation suite à la saisine de la justice par un ressortissant libanais, et ce le jour de la conférence des chefs d’État de la CEMAC, a suscité une onde d’indignation sur la Toile camerounaise et relancé le débat sur l’existence ou non d’accointances incestueuses entre intérêts globalistes et complicités internes.

Azania (recueil de nouvelles) Minsili Zanga Mbarga - Librinova juillet 2020

Les interrogations des patriotes africains (Panafricains)

Voilà une coincidence qui n’a pas manqué d’interpeller les panafricains, la convocation de Cyrus Ngo’o le même jour où se tient une Conférence extraordinaire des chefs d’État de l’Afrique centrale a Yaoundé. Son thème : l’économie. Dans un contexte où une grande partie de l’opinion africaine pousse ses dirigeants à sortir du franc CFA*, les déboires judiciaires de Cyrus Ngo’o, gestionnaire hors pair qui a remis le port de Douala sur les rails, sont vus par certains comme des pressions non dites, tout comme la présence au sommet des directeurs du FMI, de la Banque mondiale.

*Gérée via un compte spéciale d’opérations au Trésor français et imprimé en France, le Franc CFA est la dernière monnaie coloniale au monde, et utilisé par les 14 pays d’Afrique francophone. Cette monnaie n’est pas utilisable hors d’Afrique et autre singularité, le CFA d’Afrique de l’Ouest ne peut être utilisé en Afrique centrale.©Dzaleu.com

je-m-abonne-a-dzaleu-button