Élections régionales au Cameroun et représentativité traditionnelle : que font les populations pour s’assurer de ne pas rater le coche ?
Point de vue
@minsilizanga
Pour le peu que j’ai compris, les conseils régionaux auront 90 membres dont une partie constituée de chefs traditionnels homologués (de 1er, 2, 3e degré) et la liste sort avant le 6/12/20 si on s’en tient au décret présidentiel.
Question : Que font les populations pour regarder de plus près qui sont leurs chefs traditionnels, et les actes posés en faveur de la collectivité? Car si on a des chefs traditionnels qui déjà aujourd’hui comme en périphérie de Yaoundé (cas vécu a Mbankomo) sont les premiers à encourager les ventes et achats illégaux de terre, a demander indûment de l’argent pour faire des PV d’assises familiales suite à des litiges fonciers, qu’est-ce ce genre de chef va faire de constructif dans le futur conseil régional ou dans le fédéralisme s’il s’y retrouve? Quelle est sa notion d’intérêt commun et défense des siens ou c’est une nouvelle élite toute aussi déconnectée du bas peuple qui va se mettre en place ?
De plus, vu le rôle que sont appelés à jouer les chefs traditionnels dans ces instances, il urge pour les populations de repenser la relation qui les lie à leurs autorités traditionnelles.
Cela est une nécessité notamment dans les zones où on observe une certaine distanciation entre pouvoir traditionnel et population, cas de la région du Centre par exemple et encore plus aux alentours de la Capitale
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Autant les populations se doivent de redonner aux chefs leur place de guide, autant ces derniers, plus encore, doivent être dans leur philosophie et leurs actes, dignes de cette confiance. Un, guide protège, défend, il ne dilapide pas ni ne se transforme en adepte d’intérêts égoïstes. Un travail donc à faire des deux côtés, peut-être plus du côté des chefs, qui doivent regagner la confiance des leurs.
Voici quelques pistes de réflexion pour les populations : quelles sont les actions initiées ou encouragées par leurs autorités traditionnelles pour la préservation de l’identité et la défense des intérêts commun dans un contexte de gentrification exacerbée et de grands projets (avec leur lot d’expropriation) pour ne citer que ça ?
Parlant d’Ongola (Yaoundé), capitale politique du Cameroun : qui représente les Ewondo, les Bene, les Tsinga etc. et que font-ils concrètement, aujourd’hui, pour ces populations, leur cohésion, leur langue, la demande de projets inclusifs pour qu’ils vivent avec le moins de violence la mutation de leur espace naturel envahi par la « modernité » et les dérives qui font avec, et dont la spéculation foncière n’est pas des moindres?
En définitive, les populations, notamment celles des régions et départements où le pouvoir traditionnel semble soumis à tout les aléas, ont tout intérêt à s’intéresser à ce sujet, et en profondeur. C’est de leur intérêt de s’assurer d’être représentées au mieux, par des personnes légitimes ayant leur devenir à cœur. Dès lors, la marche pacifique du peuple Sawa à DOUALA samedi 5 septembre a tout son sens. Un exemple à suivre.
Dans le Cameroun qui se construit, il est tant que les communautés autochtones notamment des grands centres urbains s’interrogent sur leur devenir et se projettent sur 20, 30, 50, 100 ans, etc. Il y va de leur survie.©Minsili ZANGA