Covid-19 : Quel impact économique sur l’Afrique ?
La Commission économique pour l’Afrique (CEA) s’alarme alors que les cas de COVID-19 se multiplient en Afrique. C’est ce qui ressort de la conférence de presse tenue lundi 16 mars à Yaoundé. Présidée par M. Antonio MA Pedro, directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA, la rencontre portait sur l’impact du coronavirus sur le continent africain. Et plus spécifiquement sur la sous-région Afrique centrale.
La crise actuelle pourrait sérieusement affecter la croissance économique du continent
Une des conséquences économiques direct du coronavirus est la forte mobilisation des ressources qu’elle induit auprès des Etats touchés. Dans leur lutte contre la pandémie, leurs ressources sont redirigées sur les priorités internes. C’est le cas en France, où l’Etat a décrété le chômage partiel, et va devoir compenser les mesures de confinement.
Or, de nombreux pays africains continuent de dépendre des exportations vers l’extérieur. Selon la CEA, les pays exportateurs de pétrole brut – dont les prix sont en chute libre, perdraient jusqu’à 65 milliards de dollars de revenus.
Une chute du PIB africain attendue
Si l’épidémie de Covid-19 est désormais sous contrôle en Chine, le plus grand partenaire du continent a comme d’autres, payé un lourd tribut pour endiguer le virus. Pour le Dr Vera Songwe, Secrétaire général adjoint de l’ONU et Secrétaire en exercice de la CEA, inévitablement le commerce de l’Afrique va être affecté.
« L’Afrique peut perdre la moitié de son PIB avec une croissance tombant de 3,2% à environ 2% pour un certain nombre de raisons, notamment la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales », selon Madame Songwe.
Sur le plan sanitaire, le continent aura besoin de plus de dix milliards de dollars
C’est le chiffre avancé par Secrétaire en exercice de la CEA. Selon le Dr Vera Songwe, c’est la somme nécessaire pour couvrir augmentations imprévues des dépenses de santé et endiguer au mieux le coronavirus.
Autre point de vigilance, les dépenses en médicaments. L’Afrique importe la plupart des produits pharmaceutiques. Or, ses principaux fournisseurs sont eux-mêmes durement touchés par la pandémie. Pour la Commission économique pour l’Afrique, cette situation va probablement se traduire par une augmentation accélérée des prix. Conséquence immédiate, la réduction de la disponibilité des médicaments.
Pour cela, le Dr Vera Songwe a averti que le continent aurait besoin de 10,6 milliards de dollars US, en augmentations imprévues des dépenses de santé, pour arrêter le virus de son déchaînement. D’un autre côté, les pertes de revenus enregistrées jusqu’à présent pourraient conduire à une dette insoutenable.
Au vu de tous les défis auxquels serait confronté le continent africain, sa dette pourrait augmenter de façon exponentielle. Conscients de la situation, nombre de pays ont pris des mesures drastiques pour tenter d’endiguer l’épidémie et invitent leurs concitoyens à respecter au mieux les consignes gouvernementales.
La CEA craint des pénuries alimentaires et flambées des prix en Afrique
Au niveau alimentaire, de nombreux pays africains, notamment en zone subsaharienne, sont dépendants des exportations extérieures. C’est le cas des farines alimentaires et autres denrées de consommation quotidienne. La CEA craint des pénuries alimentaires et une flambée des prix. Plus alarmant, dans le cas où les Etats seraient contraints d’appliquer une baisse de prix sur les produits de base, l’effet se ressentira à terme sur leur économie et croissance. Car, qui dit baisses supportées par les Etats, dit qu’il faut trouver les revenus nécessaires pour financer ces baisses.
La situation est-elle désespérée ?
Non, pour la CEA car, justement, cette période pourrait aussi permettre aux pays africains, de booster les échanges interafricains. La CEA a Yaoundé a ainsi rappelé que la très attendue ZLECA (Zone de libre-échange continentale africaine), démarre officiellement le 1er juillet. Malgré les nombreux défis amenés par le Covid-19 , l’Afrique a aussi dans ceux-ci, une opportunité pour réduire sa dépendance aux importations.
Pour la CEA, les pays de la CEMAC pourraient recourir à des politiques monétaires expansionnistes telles que l’assouplissement quantitatif. Ils pourraient aussi adopter des mesures de relance, et des mesures à court terme compte tenu des contraintes de la zone CFA.
Autres leviers politico-économiques dont pourrait se servir l’Afrique : accélérer sa diversification économique tout en sécurisant son espace budgétaire. En somme, l’Afrique devrait chercher à développer son marché intérieur pour ne plus subir de plein fouet les remous venus de l’extérieur. ©Dzaleu.com
Sources: CRTV News / UA