Aoua Keita, la Malienne qui initia la Journée internationale de la femme africaine (JIFA). Elle a lieu tous les 31 juillet, et ce, depuis 60 ans
Aoua Keita est celle qui a instauré la JIFA. Celle-ci fut reconnue le 31 juillet 1962 par l’ONU. Son parcours vaut le détour. Sage-femme et femme politique engagée, Aoua Keïta (1912 – 1980) est une figure de proue du féminisme et de la lutte pour l’indépendance au Mali. Première femme malienne élue députée, elle a joué un rôle politique d’importance et s’est engagée en particulier pour les droits des femmes.
Aoua Keïta naît en 1912 à Bamako au Mali
Contre l’avis de sa mère, son père l’inscrit à l’école. Aoua fréquente l’École des filles et le Foyer des métisses de Bamako. Ensuite, elle rejoint l’École africaine de médecine et de pharmacie de Dakar. En 1931, elle est l’une des premières femmes d’Afrique noire à obtenir son diplôme de sage-femme.
Aoua Keita exerce d’abord à Gao, avant de déménager en divers lieux du pays. Non contente de travailler avec compétence et enthousiasme, elle s’efforce d’intervenir auprès des autorités coloniales pour la création de maternités. En 1935, Aoua Keïta épouse Daouda Diawara, médecin rencontré à l’école, à Dakar. Ensemble, ils s’intéressent à l’actualité et éveillent leur conscience politique. En 1946, ils rejoignent le parti politique « Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain » (US-RDA).
Ne parvenant pas à avoir d’enfants et sous la pression familiale, Aoua et Daouda se séparent en 1949
En 1951, elle renonce à la nationalité française. Puis, elle représente l’US-RDA lors des élections législatives. Aoua se donne pour mission de veiller à la régularité et transparence du vote, et lutter contre les pressions de l’administration française. Elle tient tête aux officiers français qui cherchent à influencer les résultats sans se laisser impressionner. Résultat : l’US-RDA quintuple ses voix dans la région.
A la suite des élections, Aoua est envoyée quelques temps au Sénégal pour « raisons disciplinaires ». De retour à Bamako, elle fonde le Mouvement intersyndical féminin. Son objectif, développer la solidarité féminine. Aoua Keita vut en effet rassembler des femmes travaillant dans différents secteurs pour améliorer leur condition. Elle représente ce mouvement au Congrès constitutif de l’Union générale des travailleurs de l’Afrique noire, en 1957.
La même année, Aoua Keïta est élue au bureau des Syndicats des travailleurs du Soudan
En 1958, elle est la seule femme élue au bureau politique de l’US-RDA. En 1959, aux élections législatives elle est élue députée de la Fédération du Mali, à Sikasso. Aoua Keita devient la première Malienne à occuper ce poste. A travers lui, elle joue un rôle politique de premier plan. Il faut dire que le contexte s’y prête. Le Mali vient en effet d’accéder à l’indépendance. De 1960 jusqu’au coup d’état de 1968, Aoua Keuta participe pleinement à la vie politique.
Attachée à faire progresser les droits des femmes, Aoua participe notamment à l’élaboration du Code malien du mariage. Elle instaure la Journée internationale de la femme africaine (JIFA). Celle-ci est reconnue le 31 juillet 1962 par l’ONU. En 1968, Aoua Keita perd son statut politique lors du coup d’État de Moussa Traoré. Elle quitte alors le Mali. Loin de toutes responsabilités politiques, Aoua se consacre à la rédaction de son autobiographie. « Femme d’Afrique : La vie d’Aoua Keïta racontée par elle-même« , est publié en 1975. Un an plus tard, le livre reçoit le prix littéraire de l’Afrique noire.
Aoua Keïta rentre au Mali en 1979. Elle meurt en 1980, à l’âge de 67 ans.
Source : Arol KETCH via La vraie histoire du Cameroun
