Cameroun et lutte contre la corruption : Zoom sur le 10ème rapport de la CONAC
La Commission nationale anti-corruption (CONAC) a présenté son 10e rapport sur la lutte contre la corruption au Cameroun. C’était jeudi 17 septembre à Yaoundé. Chaque année, l’organisme public chargé de lutter contre la corruption doit en effet présenter un état des lieux de son action.
Le rapport annule de la Conac, après soumission au président de la République, est ensuite rendu public. Celui présenté le 17 décembre 2020, porte sur les activités de la Conac en 2019. Si le nombre de dénonciations a diminué, elles se montent tout de même à plus de 10.000 cas pour l’année écoulée. Occasion de rappeler le numéro vert (gratuit) pour dénoncer les cas de corruption : 1517, le n° anti-corruption au Cameroun. De même, la Conac affiche un satisfecit concernant les sommes que son action a permis au Cameroun d’économiser. Par M.Z.
Le 10ème rapport de la Commission anti-corruption du Cameroun
CT – A la CONAC, la publication du rapport sur la lutte contre la corruption est une activité majeure. Elle est le fruit d’une série d’enquêtes menées par l’institution dans plusieurs secteurs de la vie publique. La CONAC bénéficie dans cette évaluation de la collaboration de la société civile, mais aussi des dénonciations de citoyens. En 2018 par exemple, elle a enregistré 23 048 dénonciations d’actes de corruption. Un accroissement exponentiel au regard des 482 cas similaires en 2010, tel que mentionné dans le premier rapport publié en 2011.
Par ailleurs, dans le cadre de la production dudit document, de nombreux autres acteurs institutionnels à l’instar de la Cour suprême et de sa Chambre des comptes sont également impliqués. Les Services du Contrôle supérieur de l’Etat et l’Agence nationale pour l’investigation financière (ANIF), autres institutions de contrôles, sont aussi ses partenaires importants.
Pour ce qui est de l’impact de ces rapports, l’on indique à la CONAC qu’un important gain financier a été enregistré ces dix dernières années
En effet, entre 2011 et 2017, les gains financiers cumulés grâce aux investigations de la CONAC sont de 1 652,5 milliards de F. Ceci grâce à la collaboration avec le Tribunal criminel spécial et la Cour suprême. En 2013 par exemple, l’on avait recouvré plus de huit milliards de F notamment dans le secteur de la téléphonie et des virements frauduleux. Le recouvrement de plus de sept milliards de F avait également été engagé.
Par ailleurs, grâce aux alertes lancées par la CONAC, les caisses de l’Etat ont été à l’abri d’un siphonage de 34,5 milliards de F. C’était dans le domaine des indemnisations des terres dans le cadre de la construction du complexe industrialo-portuaire de Kribi, et l’avenant relatif à la construction de la route Ayos-Bonis. La CONAC a continué dans la même lancée, entre 2013 et 2017, en intensifiant les dénonciations. Ce qui a permis de recouvrer et/ou d’éviter la distraction de plusieurs centaines de milliards de F.
Dans ce registre d’acquis, on note également le renforcement du cadre institutionnel, légal et réglementaire de la lutte contre la corruption
De nouvelles lois et réglementations sont entrées en vigueur, et de nouvelles structures créées. Ainsi, face à l’insuffisance de bonne gouvernance dans le secteur des marchés publics dénoncée par la CONAC dans l’un de ses rapports, l’on a noté en décembre 2011, la création du ministère des Marchés publics.
En outre, la création du Tribunal criminel spécial la même année, est venue combler l’absence d’une juridiction spéciale pour le jugement des détournements des deniers publics de plus de 50 millions de F. Par ailleurs, le recouvrement des avoirs a été accéléré grâce à l’activation de nouveaux organes.
Mais la CONAC sollicite plus de moyens et de pouvoirs, notamment à travers l’adoption d’une loi anti-corruption
(Ce) qui ferait d’elle une « Haute autorité de lutte contre la corruption. » En outre, l’on pense qu’on peut lui attribuer la responsabilité du suivi des comptes ou fond recouvrés.
De plus, un plaidoyer est mené en vue de décentraliser la CONAC et la rapprocher des populations et des services. A côté de ces « évolutions historiques » attendues, il faut ajouter l’accroissement des ressources humaines, matérielles et financières adéquates pour mener efficacement ses missions. (Cameroon Tribune)