Douala (Cameroun) : la population s’organise contre la violence des « microbes »
Lorsqu’on parle de « microbes » pour qui suit l’actualité africaine, le terme renvoie à la Côte d’Ivoire. Depuis une dizaine d’années, la mégapole d’Afrique de l’Ouest a vu naître un phénomène inquiétant : des bandes de jeunes, parfois des enfants, écument les quartiers populaires pour agresser et piller en groupe.
Le phénomène serait né après la crise post-électorale de 2011. Issus généralement de milieux défavorisés, analphabètes, ces jeunes se sont constitués en gangs, donnant un nouveau visage à la délinquance juvénile. Drogués, sans limites, ces jeunes agissent en bande. Certains parlent d’instrumentalisation de ces groupes extrêmement violents, lors de périodes électorales.
Au Cameroun, un phénomène similaire s’installe dans la capitale économique. A Douala octobre dernier, des agressions de masse ont défrayé la chronique. En cause, les fameux microbes de Douala, des jeunes généralement issus de populations allogènes. Pour leur faire face, des jeunes autochtones s’étaient organisés, prêtant mains fortes aux forces de l’ordre.
Dans cet article*, plongée dans la façon dont les populations de Douala s’organisent pour contrer la violence de ce phénomène venu d’Afrique de l’Ouest.©Dzaleu.com
VOA – « J’ai frôlé la mort après une agression au couteau », témoigne Appolin Tchanga, peintre en bâtiment de 43 ans, victime en juin dernier d’une attaque menée par un des gangs qui sévissent depuis plusieurs mois à Douala, la capitale économique du Cameroun.
« Le soir de cette agression, nous étions assis dans une buvette lorsqu’une soixantaine de personnes ont fait irruption », relate-il, alors que la cicatrice de sa blessure en-dessous de l’omoplate est toujours visible.
Machettes, gourdins, couteaux ou tournevis sont utilisés par les gangs lors d’attaques menées, de jour comme de nuit, dans la plus grande métropole camerounaise, où la multiplication de leurs méfaits inquiètent.
« Ce phénomène prend de l’ampleur », admet sous couvert d’anonymat un policier. « Si rien n’est fait, ils prendront des quartiers entiers en otage », prévient-il, dénonçant le « laxisme des autorités ». Au moins quatre quartiers de la ville ont été attaqués en octobre, dont le carrefour Ndokoti, un quartier populaire de la ville.
« Lorsque les gangs ont attaqué ici, ils ont tapé les commerçants, arraché les marchandises et les biens des gens », témoigne un vendeur. « C’était la débandade. En fuyant comme tout le monde, je me suis blessé », rapporte un autre commerçant, Prince, qui craint que ces attaques « ne se reproduisent » (…)