Ethiopie : Le magnat des médias Jawar Mohammed inculpé pour terrorisme
D’Origine Oromo comme Abiy Ahmed (en photo) le Premier ministre éthiopien, Jawar Mohammed est le fondateur du puissant média Oromia Media Network (OMN).
Il a été inculpé pour terrorisme, une nouvelle étape dans ses rapports conflictuels avec le chef du gouvernement éthiopien.
Derrière, la question des tensions communautaires dans ce pays fédéraliste ou les Oromo, pourtant majoritaires, se plaignent de marginalisation.
Plus de 25 millions en Ethiopie, les Oromo vivent principalement dans l’Etat de l’Oromia, qui a la particularité d’abriter aussi la ville d’Addis-Abeba
Mais, celle-ci a un statut particulier. En Ethiopie, la communauté Oromo, se dit marginalisé depuis l’époque de l’empereur Selassié. Elle a vu d’un mauvais œil l’élargissement du territoire d’Addis-Abeba. Pour les Oromo nationalistes, c’était un accaparement de leurs terres ancestrales.
En 2017 déjà, Jawar Mohammed était accusé de tentative de coup d’Etat. Le gouvernement lui reprochait ses accointances avec la contestation. Il aurait ainsi mis son groupe médiatique au profit du mouvement de contestation Oromia.
Un an plus tard, l’Ethiopie trouve un semblant d’apaisement, avec l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed, moitié Oromo. Il a d’ailleurs comme allié le jeune Jawar Mohammed , vivant entre les Etats-Unis et l’Ethiopie.
Ce dernier reviendra s’installer dans son pays après la nomination d’Abiy Ahmed. Mais très vite, les deux hommes s’éloigneront, Jawar Mohammed comme beaucoup d’Oromo, reprochant au Nobel de la paix, ne n’avoir rien fait pour sortir sa communauté de la marginalisation.
Jawar Mohammed est aujourd’hui accusé de terrorisme et incitation à la violence
Une accusation contre la communauté tigréenne en particulier. Celle-ci, très puissante en Ethiopie, est accusée par les Oromo d’être à la source de leur marginalisation.
De même, lors des troubles de 2015, pour l’opinion Oromo, les Tigréens étaient à la manœuvre, dans le projet d’élargissement des frontières d’Addis-Abeba. Le projet fut arrêté par le fort mouvement Oromo qui en découla.
Fin juin 2020, le meurtre de l’artiste Oromo Hachalu Hundessa, est venu raviver les tensions intercommunautaires. L’assassinat du jeune chanteur, très engagé dans la cause Oromo, a provoqué une vague de violences qui ont fait plus de 200 morts en Ethiopie.
En 2021, l’Ethiopie a plusieurs rendez-vous électoraux au calendrier, ce qui risque d’accentuer les conflits intercommunautaires dans ce pays, vu comme un des miracles économiques du continent. Preuve avec le pharaonique projet du GERD, barrage de plus de 1500 kms sur le Nil Bleu. Celui-ci, même s’il suscite quelques remous entre l’Ethiopie et ses voisins Soudan et Egypte, est vu comme un des rares projets ayant réussi à fédérer tous les Ethiopiens quelque soit leur communauté ethnique.
Avec le procès de son ex-allié Jawar Mohammed, Abiy Ahmed, Nobel de la paix 2019, est sur le devant de la scène. Si l’homme est apprécié par ailleurs, pour une partie des Oromo, il se comporte de plus en plus en dictateur refusant toute contestation.
Après le meurtre d’ Hachalu Hundessa, des milliers de personnes ont été arrêtées en Ethiopie. Pour Jawar Mohammed et ses partisans, ses déboires avec la justice ont une explication. Ils y voient une tentative de musèlement orchestrée par le Premier ministre. ©Dzaleu.com – M.Z.
Sources : AP/AFP