Mon avis suite aux nouveaux sarcophages découverts dans la nécropole de Saqqarah (Egypte)
Point de vue
©Minsilizanga.com
Samedi 14 novembre, l’Egypte a présenté en grandes pompes une centaine de sarcophages découverts sur le site de Saqqarah. Et moi comme toujours de rester dubitative devant ces images, ces photos de cercueils, me demandant si ceux qui ont été enterrés là, pouvaient imaginer que plus de 2000 ans plus tard, des inconnus viendraient profaner leur dernier refuge terrestre.
J’avoue, j’éprouve toujours un malaise presque physique à ce spectacle, ces Aïeux africains devenus objets de curiosité et sans doute plus. Pourquoi assiste-ton rarement au même spectacle ailleurs, à croire que hors du continent, point de sites funéraires pouvant eux aussi susciter autant d’engouement que ceux des pharaons africains ?
C’est la même chose avec le patrimoine de ce continent, qui aujourd’hui fait la fierté non pas de ses héritiers légitimes, mais de tant de musées occidentaux. Il y est enfermé, exposé, adulé, si loin des héritiers de ceux qui l’ont crée. Et même, souhaiter et demander une rétrocession de ce patrimoine, donne depuis des années, lieu à des batailles rangées où l’idéologie le dispute sans doute à autre chose, à voir la façon dont ceux qui ont pris ce patrimoine, rechignent à le remettre à qui de droit.
Il y a comme une sorte d’incohérence…
Et de me demander à nouveau : pourquoi tout en traitant nos Aïeux de « primitifs », « sorciers » et autres épithètes, on pouvait autant courir après les objets de ces « primitifs » ?
Oui, j’éprouve toujours un malaise en tant qu’Africaine devant ces dépouilles de mes Aïeux ainsi exposées. Et c’est le même que j’ai éprouvé il y a des années au Louvre (Paris), lorsqu’on pouvait encore avoir accès aux momies. Non, je n’étais pas enthousiaste, j’étais même triste, de voir ces Anciens ainsi mitraillés par la foule.
Pour en revenir à Saqqarah, même si je comprends l’importance de l’Egypte pharaonique pour certains peuples non africains, oui je me répète, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur cette frénésie autour des reliques d’anciens pharaons, surtout qu’on ne le retrouve pas le même engouement à mettre à jour des sites funéraires non-africains.
Un engouement à lier sans doute à celui qui poussait les colons et autres explorateurs pillant les artefacts et objets cultuels africains pour les musées occidentaux, à traiter en même temps les spiritualités des peuples créateurs et propriétaires de ces richesses de « sorcellerie ». ©Minsilizanga.com