Afrique et défiance au vaccin : quelles raisons?
Lorsqu’on observe ce les chiffres de la vaccination au niveau mondial*, le constat est sans appel : les pays dits « sous-développés » sont à la traîne : 1.3% de personnes dans ces pays ont reçu une injection. Au niveau mondial, 32% de la population a reçu une dose, 24% de la planète est aujourd’hui totalement vaccinée (2 doses). 4.84 milliards de vaccins ont été distribués, dont près de 35 millions chaque jour.
En France, on totalisait 69% de vaccinés au 17 août 2021 dont 54% entièrement vaccinées (double dose), soit plus de 36 millions de personnes. Au Canada, on totalisait 72.85% de vaccinés dont entièrement près de 65%. En Belgique, près de 72% de la population est vaccinée dont 67% double dose.
À titre de comparaison, au Nigeria (plus grand pays africain avec 219 millions d’habitants) : on comptabilise 1.2% de vaccinés dont seulement 0.69% ayant reçus une double dose. En Tanzanie dont le président antivaccin John Magufuli (en photo) est décédé le 17 mars 2021 dans des circonstances troubles, on compte 0.37% de vaccinés pour une population de près de 62 millions d’habitants.
Rejoignez-nous sur Telegram
Reinfo et société : @dzaleumedia
Vidéos archives : @dzaleuvideos
Langue Beti : @dzaleu_ekang
Pourquoi les pays dits « sous-développés » parmi lesquels les pays d’Afrique subsaharienne ont une si faible couverture vaccinale ?
Parmi les pistes d’explications, la première est le scepticisme des populations face au vaccin. Si on peut évoquer l’accès au vaccin (aucun pays africain n’en produit), c’est surtout une question de défiance. Europe, FMI, OMS et autres organisations ne ménagent pas leurs efforts pour dire qu’il faut penser à l’Afrique. Ainsi, des millions de doses de vaccins leur ont été offerts en dons, avec pour objectif de vacciner la population. Ce qui a permis d’assister à quelques incongruités. C’est le cas avec le vaccin Astrazeneca dont la version africaine (Covishield) est différente de la version européenne. Retoqué par l’European Medicines Agency pour entrer dans l’espace Schengen, Covishield a fini par être reconnu par une quinzaine de pays dont la France depuis le 17 juillet.
Si les Africains amenés à voyager se vaccinent en général pour être en règle avec le passeport vaccinal, sur le terrain, les populations boudent le vaccin. Dans d’autres pays, ce sont les autorités qui affichent ouvertement leur rejet comme en Tanzanie avec feu John Magufuli.
De son côté, l’Occident ne ménage pas ses efforts pour envoyer des vaccins sur le continent, quitte à ce que ces dons arrivent avec des dates d’expiration dépassées. Ce fut le cas au Malawi (près de 17.000 doses détruites en mars 2021) ou au Sud-Soudan. Dans ce pays, se sont près de 60.000 doses qui ont été détruites au mois d’avril 2021.
Les populations africaines très majoritairement défiantes envers le vaccin
Alors qu’un programme spécial (Covax) a été mis en place avec pour objectif affiché de vulgariser la vaccination contre le Covid en Afrique notamment, il en va autrement dans les faits. Les Africains boudent largement le vaccin antiCovid. Il faut dire que les scandales liés aux vaccins sont encore dans les mémoires.
Exemple avec les vaccins expérimentaux sur le Sida dans les années 80 et 90. Plusieurs prostituées qui y participèrent comme cobayes, sont aujourd’hui décédées. Autres scandales, les expériences de l’américain Pfizer et ses essais clandestins en 1996 sur des enfants de Kano au Nord du Nigeria, ou les cas de stérilisation forcées en 2015 en Afrique du Sud. Il n’est donc pas difficile de comprendre l’installation d’une défiance naturelle dans un continent souvent pris comme champ d’expérimentation par les grandes firmes pharmaceutiques.
Autre raison et pas des moindres car relevant du bon sens : les populations africaines, qui ont grâce à des protocoles de soins locaux ou la naturopathie traversé 2020 sans réel drame sanitaire, ne voient pas l’intérêt de s’injecter un vaccin anti-covid. ©Dzaleu.com