Cameroun : le Covid-19 vu comme un tournant pour repenser les programmes de développement
Le Cameroun fêtait sa 48ème Fête de l’Unité mercredi 20 mai. Celle-ci marque la réunification des deux Cameroun (anglophone et francophone), en 1972, douze ans après les Indépendances. La veille, le président camerounais S.E.M. Paul Biya s’est adressé à ses compatriotes. Le discours était d’autant plus attendu que l’homme fort de Yaoundé, président en exercice de la CEMAC*, s’exprime peu.
Mardi 19 mai en direct de la Radio Télévision camerounaise et en streaming live sur les réseaux sociaux, de millions de Camerounais étaient prêts à écouter leur président que d’aucuns donnaient pour mort. Très élégant comme à son habitude, Paul Biya commence par placer le contexte, « différent » cette année. En effet, crise du Covid-19 oblige, les festivités publiques du 20 Mai ont été annulées, comme précédemment pour le 1er Mai. Les points forts du discours sont repris ici. Dans cet article, zoom sur le côté économique.
Fonds Spécial de Solidarité Nationale et mesures économiques
Dès la mi-mars, le chef de l’Etat camerounais avait en effet mis en place un fonds spécial pour centraliser la solidarité nationale. Sous son instruction, il avait été alimenté par à hauteur d’un milliard de francs CFA. Depuis, il a bénéficié de versements faits autant par des particuliers que des entreprises, hommes d’affaires ou personnalités diverses.
Ainsi, dès le départ, le Cameroun a privilégié une solution endogène, sans recourir à des prêts exorbitants. Très clair sur les conséquences économiques néfastes du Covid-19, Biya a invité mardi son gouvernement à ne pas baisser la garde. Comme il l’a rappelé, les défis économiques liés au Covid-19 sont nombreux. Parmi eux, la « forte baisse des places boursières », la « chute des cours des matières ou encore le « fort ralentissement des échanges commerciaux. »
« Il nous faudra, bien sûr, retrouver plus tard le chemin de la croissance tout en veillant à ce que, pendant cette période d’incertitude et de difficulté, les emplois soient préservés dans la mesure du possible », a dit Paul Biya
« J’invite le Gouvernement à continuer à se mobiliser comme il l’a fait depuis le début de cette crise sanitaire. Dans un contexte social inédit, il devra en particulier se montrer ingénieux et inventif pour maintenir nos équilibres financiers, contenir le taux d’inflation, assurer la continuité du service public, notamment dans le secteur éducatif, et réguler l’activité économique de manière à sauvegarder la stabilité et la paix sociales. »
Repenser l’économie et le système de santé
Pour Paul Biya, « La crise sanitaire mondiale due au coronavirus va sans doute provoquer un tournant dans le fonctionnement de (la) société. » Aussi, elle demande au Cameroun et ce dès à présent, de poursuivre le renforcement de ses structures sanitaires, densifier son offre de soins sur le plan de la santé.
En clair, il faudrait au Cameroun un système de santé « plus efficace », sans oublier les autres pathologies. « Et, surtout, de remettre à jour certains projets et programmes de développement », selon Paul Biya.
Faire confiance aux pouvoirs publics
Si le Cameroun n’a jamais opté pour un confinement total, sur instruction du chef de l’Etat, une série de mesures a été prise. Pilotées par le Premier ministre Dion Ngute, ces mesures annoncées mi-mars puis le 30 avril, ont permis au Cameroun d’apporter une réponse aujourd’hui saluée en Afrique. En effet, le pays a le plus fort taux de guérison comparé aux cas positifs.
Assouplissement des mesures oui, mais non à la négligence
Si Yaoundé a par exemple permis la réouverture des bars, pas question de laisser s’installer la négligence. Comme l’a rappelé Paul Biya mardi soir, le Covid-19 est « une menace à la stabilité de nos Etats. » parmi les annonces faites par le président Camerounais :
– dès qu’un traitement sera disponible, le nécessaire sera fait pour le mettre à la disposition (des) concitoyens ; avant cela,
– le port du masque dans l’espace public restera obligatoire jusqu’à nouvel ordre.
« N’oublions pas que la négligence d’une seule personne peut nuire gravement à l’ensemble de la communauté. Ne baissons donc pas la garde. »
Ce propos du président Camerounais traduisient à quel point le rôle de chacun est indispensable, pour freiner la propagation du coronavirus, et un retour à la normale de l’activité économique. ©Dzaleu.com
*CEMAC : Communauté des Etats de l’Afrique centrale qui comprend le Cameroun, le Gabon, le Tchad, la RCA, le Congo-Brazza et la Guinée Equatoriale