Nigeria : Le gouverneur de l’Etat d’Edo insiste sur la vaccination obligatoire et suscite de nouvelles protestations
Photo : Des agents contrôlant le carnet de vaccination à l’entrée d’un bâtiment administratif d’Edo State – ©The Guardian (Nigeria)
Godwin Obaseki, gouverneur de cet Etat du Sud-Ouest du Nigeria, récidive et passe outre une décision de justice. Le 30 août 2021, une Haute Cour fédérale de Port Harcourt avait en effet ordonné au gouvernement de l’État d’Edo de maintenir le statu quo en attendant l’audition d’une requête sur préavis quant à la décision de l’Etat d’imposer la présentation d’une preuve vaccinale pour se rendre dans les lieux publics.
La décision de justice arrivait suite à une plainte déposée contre le gouvernement d’Edo par un citoyen.
Charles Osaretin s’était adressé au tribunal par l’intermédiaire de son avocat, Echezona Etiaba. Ce citoyen d’Edo State demandait une ordonnance empêchant le gouverneur d’appliquer sa directive
Mais le 14 septembre, le gouverneur Godwin Obaseki annonçait que sa directive allait être effective dès le 15 septembre 2021.
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Pour Godwin Obaseki, cette mesure est nécessaire pour freiner la propagation de la pandémie de coronavirus dans l’État
« Nous allons mettre en œuvre cette mesure dans toutes les zones clés afin d’éviter que des personnes soient infectées parce que d’autres personnes sont difficiles à convaincre », déclarait Le secrétaire permanent du ministère de la Santé, Osamwonyi Irowa lors de son point presse quotidien sur le Covid-19.
Selon les autorités d’Edo, sont d’abord concernées les sites gouvernementaux. Désormais pour y accéder, employés comme visiteurs, il faut une carte de vaccination Covid-19 à jour.
Affirmant que le gouvernement ne force personne, le secrétaire à la santé invitait ceux sans carte de vaccination, et ne souhaitant pas se vacciner, de « rester travailler à la maison ».
« Nous appelons notre population à se faire vacciner, car c’est le meilleur moyen de prévenir la gravité de la maladie et d’éviter la mort. L’équipe de contrôle commencera son travail demain [15 septembre] afin de nous aider à réduire le nombre de cas et de décès que nous enregistrons quotidiennement », se justifiait alors Osamwonyi Irowa.
Pour faire respecter sa mesure, le gouvernement d’Edo a formé vingt équipes spéciales réparties dans les 18 zones administratives de l’Etat. Charge à elles de scanner et de confirmer l’authenticité de ces cartes de vaccination et de demander à ceux qui ne les ont pas de retourner travailler chez eux.
La population dans la rue pour désavouer la directive du gouverneur
Lundi 27 septembre, la presse et la télévision nigériane se faisaient l’écho des protestations qui ont eu lieu à Edo. Face à ce qu’ils considèrent comme une atteinte à leurs droits, des membres d’organisations de la société civile et des étudiants ont initié des manifestations de protestation.
A l’aide de pancartes explicites, les manifestants invitaient le gouverneur à obéir à la décision de justice.
« La faim nous tue, pas le COVID-19 »
« Mon corps est mon droit »
« Nous résisterons à toute scélératesse de l’exécutif »
« Non à la vaccination forcée contre le Covid »
« Obaseki tu ne peux pas nous forcer à prendre des vaccins Covid-19 »
D’ores et déjà, ils ont averti que leur démonstration de lundi n’était qu’un avertissement. Si le gouverneur persiste à interdire l’accès aux bâtiments administratifs à ceux qui ne sont pas vaccinés, ils iront plus loin, quitte à bloquer totalement ceux-ci.
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Si le gouverneur persiste, les manifestants promettent de bloquer l’économie de l’Etat
A Benin City, la capitale de l’Etat, plusieurs artères ont été bloquées suite au mouvement de protestation. Pour Curtis Ogbebor, Coordinateur du « The Freedom Ambassador Organisation (Organisation des ambassadeurs de la liberté) dont les propos sont repris par The Punch, site nigerian :
« Nous sommes sortis aujourd’hui pour lui adresser un avertissement et lui conseiller de retirer de toute urgence cet ordre d’exécution. S’il refuse de retirer cet ordre dans les 48 heures, nous nous mobiliserons pour bloquer l’économie de l’État. Nous ne pouvons pas croiser les bras et regarder l’acte d’illégalité se produire dans notre État.
« Il y a des sujets de préoccupation urgents comme la sécurité, qui est inscrite dans la Constitution, selon laquelle le gouverneur est tenu par la loi de protéger la vie et les biens de ses citoyens. Mais à l’heure où nous parlons, le gouverneur ne se préoccupe pas de la sécurité et du bien-être de la population. À l’heure actuelle, aucun éclairage public ne fonctionne dans l’État d’Edo ; la route Benin-Auchi n’est pas sûre à cause des bandits, des bergers et d’autres éléments criminels », selon Curtis Ogbebor.
De leur côté, les services du gouverneur préfèrent annoncer que la directive imposant la vaccination, a un effet positif
Le nombre d’infections serait en diminution dans tout l’Etat, d’après les autorités locales.
Selon le Dr Andrew Obi, responsable de la Task Force COVID-19 de l’Etat, Edo enregistre de bons chiffres dans la gestion de la troisième vague, et cela tient à la politique du gouverneur.
C’était lors du point presse quotidien sur la pandémie, une réunion virtuelle à laquelle assistait Godwin Obaseki. Selon The Guardian nigérian, « M. Obi a déclaré que l’État a enregistré 43 nouveaux cas au cours des 72 dernières heures, ce qui représente 7,1 % des 606 échantillons collectés et testés dans ce laps de temps ».
Pays le plus peuplé de l’Afrique subsaharienne, le Nigeria compte 2.700 décès liés au Covid-19 pour une population de près de 219 millions d’habitants.
– Dzaleu.com – Article Grand angle