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Guillaume Soro dénonce un acte pour l’éloigner de la présidentielle

Guillaume Soro, ex-chef rebelle, ex-Premier ministre, ex-Président de l'AN ivoirienne

Guillaume Soro dénonce un acte pour l’éloigner de la présidentielle ivoirienne. L’ex-Premier ministre a réagi au mandat d’arrêt émis contre lui. Pour Guillaume Soro, il s’agit là d’une « dérive autoritaire »

La nouvelle a fait l’objet d’une grande couverture médiatique, et il y a de quoi. Guillaume Soro, ex-chef rebelle devenu Premier ministre, sous le coup d’un mandat d’arrêt. Ironie du sort, ce mandat a été mis émis par le même pouvoir qu’il avait aidé à venir à bout de Laurent Gbagbo. En effet, c’est en partie grâce aux Forces Nouvelles, rebelles menés par Guillaume Soro, qu’Alassane Ouattara a pu accéder au pouvoir. Cela intervenait après une longue crise qui s’est soldée par plus de 3.000 morts.

Les deux hommes ont pendant des années entretenu une relation politique forte, Guillaume Soro apparaissant comme le petit protégé du président ivoirien. Puis, les relations entre les deux hommes ont entamé une pente descendante, le tout sous fond de présidentielle à venir. En 2020, la Côte d’Ivoire devra en effet choisir son nouveau président. Alassanane Outtara, arrivé au pouvoir après la crise post-électorale qui s’était soldée en 2011 par la chute de Laurent Gbagbo, est candidat à sa propre succession. Guillaume Soro, exclu du parti au pouvoir, est lui aussi un des candidats déclarés pour 2020 avec son parti GPS (Générations et Peuples solidaires).

Une rupture consommée entre Soro et Ouattara

Avec le mandat d’arrêt émis contre Guillaume Soro, c’est à une véritable rupture consommée que le président ivoirien et son ex-protégé sont arrivés. Entre un Guillaume Soro multipliant les gestes de rapprochement avec les anciens ennemis d’hier (comme novembre dernier avec Blé Goudé) ou des piques récurrentes des pontes du camp Ouattara, depuis des mois, le fossé se creusait entre les ex-amis.

Pour Guillaume Soro, ce mandat d’arrêt est une « dérive autoritaire », et vise à l’éloigner de la prochaine présidentielle ivoirienne

Le pouvoir ivoirien accuse Guillaume Soro de de « tentative d’atteinte à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire national », mais aussi de « détournement de deniers publics. »

L’avion de Guillaume Soro, en provenance d’Europe après 6 mois de séjour à l’étranger, devait atterrir à Abidjan lundi 23 décembre. Il a dû être redirigé vers le Ghana pour « raisons de sécurité ». L’ex-chef rebelle affirme en effet que son équipage a préféré éviter Abidjan, après des soupçons indiquant que l’avion serait pris d’assaut dès son atterrissage. Guillaume Soro a ensuite quitté le Ghana pour l’Espagne, selon ses proches. Mardi 24 décembre, l’ex-Premier ministre a réagi pour la première fois depuis ses pages sociales, dénonçant « une dérive autoritaire digne des pires régimes dictatoriaux. »

Mardi 24 décembre, 15 proches de Guillaume Soro ont été mis en détention à la maison d’arrêt d’Abidjan, après avoir été présentés à un juge la veille. A quelques mois de la présidentielle ivoirienne, un des candidats, ex-ami du président ivoirien, se retrouve de fait empêché de rejoindre la Côte d’Ivoire. La présidence a en effet fait savoir que Guillaume Soro était libre de renter en Côte d’Ivoire, mais qu’il serait automatiquement mis aux arrêts dès son retour (sic !)

L’opposition ivoirienne dénonce un acte susceptible de nourrir la tension déjà palpable, à moins d’un an de la présidentielle

Âgé de 47 ans, Guillaume Kigbafori Soro est né le 8 mai 1972. Premier ministre de 2007 à 2012, il fut ensuite président de l’Assemblée nationale ivoirienne jusqu’en 2019. Toujours député, il est candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020.

Son mandat d’arrêt vient jeter un froid dans un climat politique encore fragilisé par les années de crise. Reste à savoir comment cela impactera la suite d’une campagne qui s’annonce déjà sous tension. Une partie de l’opposition ivoirienne a pour sa part pris position contre ce qu’elle aussi considère comme une dérive du pouvoir. C’est le cas de la coalition menée par un autre homme fort du paysage politique ivoirien, Henri Konan Bédié. ©Dzaleu.com