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Françafrique : Pour Jean Yves le Drian, la France est victime d’une cabale

Françafrique : Pour Jean Yves le Drian, la France est victime d’une cabale

Mali, Burkina Faso, RCA, etc., le torchon brûle entre Paris et plusieurs pays africains. Au Mali, après les sanctions de la Cedeao considérée comme aux ordres envers des membres du pouvoir de transition, Bamako est plus décidé que jamais à collaborer avec la Russie, au grand dam de Paris.

Au Burkina Faso voisin, la mort d’une cinquantaine de soldats mal équipés face aux terroristes, alors que leur président était reçu à l’Elysée, a envenimé un climat déjà tendu. Une grogne populaire qui s’est soldée par le blocage d’un convoi militaire français. En provenance du Mali, il se rendrait au Niger.

Faux pour la population burkinabè, qui accuse les militaires français de travailler de concert avec les terroristes. Bloqué à Kaya depuis mercredi soir [17 novembre], le convoi a dû faire demi-tour pour regagner Ouagadougou aux dernières nouvelles. Et déjà au Mali, on se prépare à le bloquer, au cas où il voudrait emprunter un autre itinéraire.

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Alors, « Est-ce que la France est toujours bien accueillie en Afrique? »

A cette question des journalistes du Grand Jury RTL- LCI-LE Figaro, le chef du quai d’Orsay accuse ceux qu’il appelle « les manipulateurs. »

« Il y a des manipulateurs… par les réseaux sociaux, par des fausses nouvelles, par l’instrumentalisation d’une partie de la presse qui joue contre la France… Certains parfois même inspirés par des réseaux européens… Je pense à la Russie », déclare Le Drian.

Disant ne pas croire à « une dégradation des relations entre la France et l’Afrique », le ministre des Affaires étrangères rappelle que les autorités de cinq pays du Sahel, ont demandé à la France « d’intervenir pour les aider à lutter contre le terrorisme »

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L’avis de la rédaction

La question qu’on peut se poser à ce niveau est celle-ci : les autorités d’un pays, aussi démocratiquement élues soient-elles, peuvent-elles agir en totale opposition avec les aspirations des habitants de ce pays?

Au Mali comme au Burkina Faso, le peuple demande le départ de forces militaires françaises qui pour lui, n’ont aucun résultat sur l’objectif qu’elles sont supposées mener. Si leur avis ne compte pas, faut-il, dès lors, réinterroger même la notion de « pays » : elle se résume aux dirigeants ou les citoyens.

Quand à un sentiment « anti-français », croire en son existence, c’est s’adonner à un amalgame facile, et ainsi, vider cette jeunesse africaine de son combat en le réduisant à une affaire de sentiments.

La jeunesse africaine née dans la décennie 2000, décomplexée, constate que son continent est le plus riche, mais le plus touché par les guerres. Elle constate qu’en Occident, ses ressortissants sont stigmatisés, servant de boucs-émissaires dans des débats sur l’immigration qui s’invitent toujours en période électorale. Ses revendications sont légitimes et ne sauraient se réduire à des histoires de « sentiment. » Elle interpelle un système qui l’appauvrit de façon structurelle. Loin de le comprendre, le pouvoir français préfère se poser en victime de ce système dont la France est l’une des grandes bénéficiaires par plusieurs mécanismes, comme le Franc CFA.

Cette jeunesse, de plus en plus au fait des questions géostratégiques, est entrain d’effectuer un changement de paradigme qui n’en n’est qu’à ses débuts : les causes profondes de sa situation ne se résument pas à des élections, des militaires étrangers sur son sol ou l’aide au développement. Pour elle, ces causes sont à chercher du côté de l’essence même du système capitaliste. Pour perdurer, il a besoin d’exploiter les immenses ressources de ce continent.

Comme le dit le Pr Pondi, les Africains ne produisent pas les armes, or, celles-ci sont une des plus grandes sources de revenus pour plusieurs pays de l’Otan. Et pour vendre des armes, il faut une raison de les utiliser, donc des guerres.

« La guerre comme l’aide internationale sont des outils de contrôle »