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Discours de fin d’année de Paul Biya : Maurice Kamto en prend pour son grade

Paul Biya (président camerounais) au Palais d'Etoudi

Discours de fin d’année de Paul Biya : L’opposant Maurice Kamto en prend pour son grade

Très attendu, le discours de fin d’année du président camerounais a été largement suivi et commenté. Parmi les points forts, la crise du Covid-19.
S’agissant du volet économique, Paul Biya reviendra d’abord sur les efforts que le Cameroun a dû consentir afin de résister à la crise du coronavirus et son impact sur l’économie mondiale.

Paul Biya parlera aussi de la volonté du Cameroun d’accorder la priorité, malgré ce contexte, à l’organisation de deux grandes compétitions panafricaines. Il s’agit du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN 2020) qui débute le 16 janvier 2021. Et de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2022). Deux projets qui ont nécessité la mise sur pied d’infrastructures de taille.

Pour revenir sur la crise sanitaire, l’impact du Covid-19 sur l’économie du Cameroun s’est ressenti par une certaine érosion de son taux de croissance. Toutefois, le président camerounais reste confiant. Pour lui, « en dépit des difficultés, l’économie camerounaise a conservé une certaine capacité de rebond. »

Autre point fort, l’allusion au jeu trouble d’une certaine opposition.

Référence à Maurice Kamto, sans jamais le citer

« Par ailleurs, l’on doit regretter que quelques-uns de nos compatriotes, regroupés autour d’une personnalité dont les ambitions avaient été déçues lors de la dernière élection présidentielle, aient profité des difficultés sécuritaires et sanitaires pour tenter de susciter une insurrection, faussement appelée ‘marches pacifiques’. Grâce à la maturité du peuple camerounais, ces marches ont heureusement été peu suivies », déclarera Paul Biya.

Si le nom du président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) n’a pas été prononcé, il est indéniable que les propos du président camerounais le concernait. C’est en effet lui (Maurice Kamto) qui a a initié des marchés à l’échec retentissant. Candidat malheureux à la présidentielle d’octobre 2018, il fut ministre délégué à la Justice pendant 7 ans sous Paul Biya. De même, sa femme (Julie Kamto, Ndlr), est toujours à l’heure actuelle haut fonctionnaire de l’Etat du Cameroun. Elle est en effet ‎Inspecteur Général chargée des Services, avec rang et prérogatives de Secrétaire Général au Ministère des Relations extérieures d’un pays dont le mari dit ne pas reconnaître la légitimité (sic !)

S’autoproclamant élu, Maurice Kamto avait introduit un discours tribal dans le jeu politique, parlant de son ethnie et de celle du président, lors de son recours auprès de la Cour constitutionnelle du Cameroun. Débouté de son action, il avait alors entrepris un certain nombre d’actes de désobéissance civile, considérés comme des atteintes à la sécurité publique. Il fera au final 9 mois de prison, mais a récemment récidivé en appelant ses partisans à des marches chaque mardi. Indexé pour accointances présumées avec des extrémistes d’origine camerounaise évoluant dans la diaspora, Maurice Kamto verra aussi son action de « marches pacifiques » échouer, comme toutes ses initiatives.

« Est-il vraiment nécessaire de rappeler qu’en démocratie, l’accès aux responsabilités politiques est assuré par la voie des urnes et non par la rue, par certains médias ou par les réseaux sociaux ? C’est précisément le cas au Cameroun où le processus démocratique se déroule selon les dispositions de notre Constitution et selon les règles fixées par nos lois », continue Paul Biya.

La démocratie camerounaise n’a rien à envier à quiconque

Dans son discours du 31 décembre, après cette allusion au jeu trouble de cet ex-membre du gouvernement devenu du jour au lendemain opposant, Paul Biya en profitera pour faire l’état des lieux de la démocratie camerounaise. Pour lui, vu le chemin accompli, elle n’a rien à envier aux pays amis se disant nantis d’une longue tradition démocratique.

« A ceux qui critiquent les imperfections de notre démocratie, je réponds que nous n’avons eu que quelques décennies pour la mettre en place. Les grands pays démocratiques, de leur côté, n’y sont parvenus qu’au terme de plusieurs siècles marqués par des révolutions, des guerres civiles et même des épisodes de dictature. Pour ma part, je suis bien conscient de tout ce qui reste à faire. Mais j’ai la conviction que nous sommes sur la bonne voie et que bientôt, nous pourrons tous être fiers de nos avancées démocratiques. »

Et vous, qu’avez-vous pensé de ce discours ? Pour ma part, dans l’ensemble, le locataire du palais d’Etoudi est resté égal à lui-même : pondéré, diplomate, chaque mot étant à sa place. Par M.Z.