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Centrafrique – Dix casques bleus de l’Onu essuient des tirs de l’armée : analyse

Centrafrique – Dix casques bleus de l’Onu essuient des tirs de l’armée : analyse

Ils circulaient dans une zone réservée, à quelques centaines de mètres de la présidence centrafricaine. Les casques bleus incriminés étaient dans un bus d’où certains prenaient des photos selon un analyste de la chaîne de télévision Afrique Media. Interpellés par les gardes présidentiels, ils auraient refusé la fouille de leur bus, cherchant plutôt à s’enfuir.

Deux des dix casques bleus ont été grièvement blessés, et une jeune femme tuée dans les évènements. L’Onu condamne, et Bangui demande une enquête.

Ces incidents sont arrivés alors que le président centrafricain, Faustin Archange Touadera, était en déplacement à Glascow où se tient la Cop26, la Conférence sur le climat.

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Que s’est-il passé en Centrafrique samedi 1er novembre?

Voici la version onusienne sur cet incident : « Arrivés le 1er novembre à l’aéroport international de Bangui M’Poko, dans le cadre de la rotation périodique et du déploiement des troupes en RCA, et en direction de leur base, les éléments de l’Unité de Police Constituée égyptienne ont essuyé des tirs nourris de la garde présidentielle sans sommation préalable ni riposte aucune, alors qu’ils n’étaient pas armés. »

Une version qui peine à passer par ses nombreuses incohérences, comme n’ont pas manqué de le relever plusieurs analystes.

Faustin Archange Touadera, président centrafricain, a-t-il été victime d’une tentative d’assassinat ou alors, manœuvres de reconnaissance en vue d’une action comme celle qui a entraîné la mort d’Idris Deby (Tchad) avril 2021. En effet, peu avant l’assassinat du regretté président tchadien, des soldats étrangers avaient été impliqués dans un incident près de la présidence. Eux aussi prenaient des photos.

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La situation en Centrafrique ce week-end a d’autant plus suscité d’émoi que vendredi, un drone attribué à un groupe rebelle (CPC) a été neutralisé et abattu par les FACA dans la localité d’Aba. Celui-ci a été identifié comme un des drones de prédilection de l’armée française au Sahel. Rr, celle-ci est entrain de se retirer du Mali. une partie de ce matériel s’est-il retrouvé en RCA et pourquoi?

Tout comme avec le Mali, la RCA et la France vivent actuellement des relations très tendues. En cause, les accords conclus par ces deux pays avec la Russie, alors que leurs populations réclament le départ des Français.

Bangui, qui depuis l’arrivée des instructeurs russes, connaît un début de stabilité, est régulièrement critiquée par la communauté dite internationale pour s’être alliée avec les russes.

La ministre des Affaires étrangères centrafricaine recadre son collègue parisien (Yves Le Drian)

Communiqué de recadrage des autorités centrafricaines

Suite aux tirs qu’ont essuyé ses casques bleus, l’ONU via la Minusca, a émis un communiqué. Dans celui-ci, il accuse l’armée centrafricaine :

« Dans sa tentative de retrait de la zone, située à 120 mètres environ de la résidence présidentielle, le bus de l’Unité de Police Constituée égyptienne a heurté une femme qui a perdu la vie. »

Le communiqué de l’Onu n’explique pas comment ces casques bleus se sont retrouvés si près de la présidence centrafricaine. Pour les analystes africains, l’Onu elle-même reconnaît en filigrane que ces casques bleus avaient une attitude agressive. Sinon, pourquoi s’enfuir au point de tuer dans cette fuite une innocente citoyenne centrafricaine. Seule la précipitation pourrait expliquer cela.

De son côté, le gouvernement centrafricain a publié un communiqué de recadrage.

Présentant ses condoléances à la famille de la citoyenne centrafricaine tuée, le ministère écrit qu’un rappel d’interdiction de faire des « balades sportives » ou « balades touristiques » ou de « prise de photos » a récemment été faite à des éléments de la Minusca.

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Les casques bleus concernés sont du contingent égyptien. Ceci n’est pas un hasard pour Jonathan Batenguene. Sociologue et professeur à l’université de Douala (Cameroun), il donne son analyse. Il interroge notamment le rôle de l’Egypte, armée la plus financée par l’Otan en Afrique. Le Caire recevrait en effet plus de 4 milliards de dollars chaque année de la part de l’organisation.©Dzaleu.com – P.Kipré