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AFRIQUE CENTRALE : Quels enjeux derrière une fusion Cemac et Ceeac ?

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AFRIQUE CENTRALE : Quels enjeux derrière une fusion Cemac et Ceeac ?

Les Etats généraux de la Cemac ont été lancés le 30 août à Libreville au Gabon, pour trois jours. C’est une première pour l’organisation sous-régionale.

Au programme de ces états généraux, la  fusion de la Cemac avec la Ceeac, pour un ensemble sous-régional plus grand. Et aussi, la question du franc CFA, une monnaie qui suscite de plus en plus l’ire des populations de la Cemac.

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CEMAC et CEEAC : Qu’est-ce-que c’est

La CEMAC est la « Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale ». Elle comprend 6 pays :

  • Cameroun
  • Centrafrique
  • Congo
  • Gabon
  • Guinée Équatoriale
  • Tchad.

La CEEAC est la « Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale », plus élargie, avec 11 pays. En effet, outre les 6 pays de la CEMAC, on y retrouve les États suivants :

  • Angola
  • Burundi
  • RDC
  • Rwanda
  • Sao Tomé
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Les touts premiers Etats généraux de la Cemac, pour une « CEMAC des peuples »

« Organisés 15 ans après l’entrée en vigueur du Programme de réformes institutionnelles (PRI) », nous apprend le site Gabonreview, ces états généraux avaient une quinzaine de thématiques au menu des six sessions annoncées :

« La première session axée sur l’Architecture institutionnelle de la communauté 15 ans après le PRI abordera la question des acquis dudit Programme avec Lamine Djika Mohamadou, directeur de cabinet de la vice-présidente. Axée sur la problématique du financement de la Communauté, la deuxième session sur trois autres sujets : ‘la Taxe communautaire d’intégration (TCI), source principale de financement et difficultés liées à son recouvrement’,  ‘les financements extérieurs’, ‘la nécessité de susciter des sources alternatives de financement de la Communauté’ et ‘la mobilisation des ressources extérieures et financement de la Communauté’« .

« L’intégration physique, le commerce intra-communautaire et la libre circulation, la convergence macro-économique, la densification de ‘la Cemac des peuples’ ou encore le Programme des réformes économiques et financières avec le Pr Michel Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Copil Pref-Cemac. »

Voilà entre autres, les thèmes également abordés lors de ses travaux de Libreville, continue le site d’informations gabonais.

Siège de la BEAC à Ongola Ewondo (Yaoundé)
Siège de la BEAC à Ongola Ewondo (Yaoundé)

Une fusion Cemac et Ceeac : Pour quels enjeux?

La CEMAC, c’est près de 50 millions d’individus, la CEEAC, près de 230 millions, de quoi constituer un marché plus puissant.

La fusion des deux zones renforce donc leurs Etats, les oblige à des harmonisations parmi lesquelles, celle de la question monétaire. Actuellement, cinq monnaies sont en circulation dans les 11 pays, une fusion signifie nécessairement une entente. Et c’est ici que se pose la variable CFA. On voit mal un géant comme l’Angola, ou un pays idéologiquement à l’Est comme le Burundi accepter cette monnaie gérée depuis Paris.

Le CFA, cette épine au coeur de la Cemac

Aujourd’hui, tout observateur attentif de la scène africaine le sait : les populations ne veulent plus du Franc CFA. Et côté sensibilisation publique sur le sujet, elle est venue essentiellement de l’Afrique centrale, Cameroun notamment. Jusque-là peu diserts sur le sujet, les institutionnels progressivement, commencent à envoyer quelques signaux.

Pour le professeur Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac et qui participait aux états généraux de Libreville : 

« Cette réforme est en cours, mais nous avons un mandat de confidentialité. Je ne dois pas vous dire ce qui se passe actuellement. Mais c’est une volonté de chefs d’États. Les gens contrairement à ce qu’on entend ici et là croient que les chefs d’États ne s’intéressent pas à la réforme. Mais c’est absolument faux. Nous avons eu mandat, la commission de la Cemac et la Banque centrale ont fait des conclusions aux chefs d’État sur la conduite à donner à l’évolution de franc CFA.« 

Et l’expert se veut catégorique : pas question pour la Cemac de copier l’exemple ouest-africain où l’eco sensé remplacer le CFA a été un échec, des pays comme le Nigeria ayant refuse la mainmise de la France sur ce qui devait être une nouvelle monnaie. Résultat des courses : statu-quo.

Pour le professeur Ona Ondo :

« Même le nom de la monnaie va se poser. Naturellement, les gens voient ce qui se passe actuellement en Afrique de l’Ouest avec l’eco. De vous à moi, cela n’a pas beaucoup avancé en Afrique de l’Ouest. La seule avancée en Afrique de l’Ouest, c’est qu’ils ne déposent plus leurs réserves aux comptes d’opérations. La France leur a remis leurs réserves. Donc, la réforme est en cours. Nous réfléchissons. Nous avons déjà fait des propositions aux chefs d’État. Nous attendons la prochaine réunion du conseil des chefs d’États pour pouvoir leur donner les résultats de nos consultations.« 

Armée camerounaise - BIR (Bataillon d’intervention rapide)
Armée camerounaise – BIR (Bataillon d’intervention rapide)

Fusion Cemac et Ceeac : Outre la question monétaire, se pose celle de la sécurité

Une fusion s’accompagnera plus facilement de mutualisation des forces et surtout, de réponses collectives aux enjeux géostratégiques, une nécessité en Afrique.

Exemple : dans une CEEAC avec des pays comme l’Angola, le Burundi, le Congo ou le Cameroun pro-BRICS et résolument pour la diversification des partenariats stratégiques, comment le Rwanda, considéré à tort ou à raison comme pro-OTAN, pourrait-il tenir certaines postures sans l’aval des autres États-membres ? Idem, comment cette nouvelle communauté, avec des pays plus souverainistes, acceptera qu’il puisse toujours exister des bases militaires occidentales dans deux États (Gabon et Tchad)?

En somme, une fusion CEMAC et CEEAC d’un point de vue panafricaniste et géostratégique, est riche d’opportunités pour les pays membres et leurs populations. Elle rentre en droite ligne de l’intégration africaine telle que pensée par les Pères-Fondateurs du panafricanisme. O-B & M. Z. ©Dzaleu.com