Apprendre l'Ewondo

L’importance de la langue : Interview avec l’artiste Assako

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L’importance de la langue : Interview avec l’artiste Assako. Nos langues sont « notre richesse » pour la chanteuse camerounaise Assako.

Minsili ZANGA : Enfant, parlais-tu la langue à la maison ?

ASSAKO : Enfant, je maitrisais le français car c’est la langue que mes parents (maman Yambassa et papa Bulu) nous parlaient. Nous avions des voisins Ewondo, donc je comprenais aussi cette langue sans la parler vraiment.

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Et au village, ça se passait comment ?

ASSAKO : Du côté de ma maman même au village les gens s’exprimaient en français. Seule ma grand-mère parlait en Yambassa. Du côté de mon père au village près d’Ebolowa, le jugement des gens était sévère. Ils ne comprenaient pas qu’on leur parle en français et pas en Bulu.

Pourtant aujourd’hui, tu chantes en plusieurs langues dont celles du pays. Comment as-tu réussi à t’exprimer finalement dans ta langue ?

ASSAKO : Je me rappelle qu’à l’extérieur, surtout du côté Ekang, dès que je donnais mon nom, on me demandait systématiquement de quel clan j’étais. Ensuite, dans le monde des cabarets, voir mes collègues parler la langue m’a amené à me remettre en cause. J’ai alors décidé d’apprendre. Ce fut difficile au début car je n’avais pas de base, mais avec la volonté j’y suis arrivée. Je continue d’ailleurs d’apprendre.

Quelle est l’importance de la langue selon toi ?

ASSAKO : Quand on ne parle pas sa langue, à un moment on ressent un manque, comme si son identité était incomplète. Pour moi, le fait de chanter en langue a été un choix et un combat. Quand on se réapproprie nos langues, on se réapproprie notre vraie identité. On appréhende mieux le monde avec ses référents. Connaître sa langue permet aussi de mettre fin aux barrières artificielles. Par exemple, on peut vraiment échanger en profondeur avec ceux du village, et voir l’étendue de leur savoir. C’est enrichissant.

Que dirais-tu aux jeunes sur ce sujet ?

ASSAKO : Mon message aux jeunes est de revenir à nos langues, notre richesse. Ils doivent savoir que nos langues ne sont pas des « patois », elles font partie de notre identité. ©Dzaleu.com – Minsili Zanga